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JEIKI-JEIKI ETXENKOAK : grand classique de chanson de marin. Mais nous verrons qu'il n'est pas sans poser de question.

 -- 1) Jeiki, jeiki etxenkoak, argia da zabala,
argia da zabala !
Itsasotik mintzatzen da zilarrezko adarra,
bai eta ere ikaratzen Olandresen ibarra,
Olandresen ibarra.
Et oui, il s'agit bien de etxenkoak, avec « n », et non etxe kuak (sans "n" et en 2 mots) comme sur le livret que j'ai en main. Du « o » en place de « u », il faut préciser que ce "u" est une altération qui devrait rester orale et non écrite. Le mot se termine par koak et non kuak, lequel surprend d’autant plus que l’on le trouve ici sur un feuillet en copyright. Mais, bon !
Revenons au « n ». Il s’agit du mot d’origine. Et d’ailleurs, si l’on reprend le feuillet copyright, on voit bien qu’il n’a pu être écrit etxe kuak en 2 mots puisqu’avec etxe, etxeko, etxekoa, etxekoak, il s’agit d’un nom etxe / maison, auquel s’attachent des suffixes pour donner etxeko / de la maison, etxekoa / celui de la maison, etxekoak / ceux de la maison. Et que l’intervalle entre etxe et kuak est justement du à l’effacement ( intervenu par la suite, erreur sur apparence d’erreur ) du n qui y était, à l’origine de l’impression du feuillet.
Nuance subtile entre etxekoak = ceux / celles de la maison et etxenkoak = la maisonnée ! On peut considérer que ceux de la maison qualifie la famille qui l’habite, tandis que la maisonnée englobe aussi les gens du service, s’il y en a, domestique, berger, …
Le titre original est bien avec etxenkoak, bien antérieur à 1937 mais ainsi déposé à la SACEM à cette date, parfois accompagné par un malencontreux (sic) sur les documents ou le web aujourd’hui. 
Difficile de trouver etxenkoak dans les dictionnaires habituels. Il faut traiter avec les « gros ». On le trouvera aussi dans le titre d’un document paru dans la revue Bulletin du Musée Basque sous la plume de Philippe Etxegoyhen : « Etxea eta Etxenkoak, Maison et Maisonnée en Soule ». Est cité aussi le titre en anglais : « Etxea eta Etxenkoak, Home and Family in Soule ».
Quand à « adarra » qui rime si bien avec « ibarra », il doit remplacer le frasque-bançais « trumpeta » du feuillet, qui lui ne rime à rien !
-- 1) Debout la maisonnée, il fait grand jour !
La corne d’argent sonne depuis l’océan, et tremble la vallée Hollandaise.
 Là, une première question : sans doute sommes-nous en bordure des côtes basques puisqu'on fait appel aux gens de la maison ; et pourquoi donc alors les Hollandais devraient-ils trembler ; à moins qu'il ne s'agisse d'un bateau par métaphore. Mais de plus pourquoi dans une vallée ? Pour qui connaît la Hollande, le bord de mer n’y est vraiment pas très vallonné !
Licences poétiques : maison pour bateau et vallée pour rivage ou plaine ??
 -- 2) Jeiki, jeiki etxenkoak, argia da zabala,
argia da zabala !
Itsasotik hurbiltzen da untzi bat kargatua,
gaitezen denak mentura haren atakatzera.
 
-- 2) Un vaisseau chargé approche, venant de la mer, 
hasardons-nous tous à l’attaquer.
Voilà un second couplet bien curieux. Rythme et tournure de phrase différents; "atakatu" au lieu de "jazarri" ou "oldartu", tout comme l’autre frasque-bançais "kargatu" semblent des emprunts au français bien postérieurs aux batailles maritimes entre pêcheurs basques et hollandais.
Et ce "gaitezen mentura" bien timide, hasardons-nous, osons, qui ne traduit pas un très grand courage !
Mais aussi, pourquoi irait-on attaquer un vaisseau qui, de lui-même, s’approche de nous, et qui, chargé, ne pourrait fuir bien vite !!
 -- 3) Jeiki, jeiki etxenkoak, laster dator eguna,
laster dator eguna !
Sortaldetik ageri da argi gozo biguna,
bere aurrean beldurtuta ihes doa iluna?
ihes doa iluna.
 
-- 3) Debout la maisonnée, le jour se lève !
Une douce lumière apparaît à l'orient, qui chasse l’obscurité devant elle.
De meilleure facture que le deuxième, mais gentiment poétique et loin de la dynamique guerrière exprimée par le premier, ce troisième ne lui serait-il pas aussi nettement postérieur ?
Et voilà qu’une douce lumière se lève alors qu’il faisait déjà grand jour auparavant !
 
Gardons donc le premier couplet, et aussi le troisième, mais « osons » jeter le deuxième par dessus bord. 
Mais, et si de ce troisième couplet, nous en faisions le premier !? Cela paraîtrait plus logique.
 
Il semble en fait que ce troisième couplet serait le premier d'un arrangement fait par J. de Olaizola sur un autre thème, arrangement dont le second couplet n'aurait pas, lui non plus, grande valeur !
Alors pourquoi ne pas marier dans l'autre ordre le couplet 3 avec le 1, qui ne s'apparient pas trop mal, la pleine lumière et le branle-bas de combat succédant à la douce lumière qui accompagne le réveil de la "maisonnée" 
 
-- 1) Jeiki, jeiki etxenkoak, laster dator eguna,
laster dator eguna !
Sortaldetik ageri da argi gozo biguna,
bere aurrean, beldurtuta, ihes doa iluna?
ihes doa iluna.
 
-- 2 Jeiki, jeiki etxenkoak, argia da zabala,
argia da zabala !
Itsasotik mintzatzen da zilarrezko adarra,
bai eta ere ikaratzen Olandresen ibarra,
Olandresen ibarra.
 
Hiztegi / lexique
Jeiki! = debout!
Laster = rapidement (lasterka = en courant)
Sortaldetik = orient, est, levant, où se lève le soleil (sortu = naître)(alde = vers, du côté de); se dit aussi ekialde = vers le soleil (eki)
Gozo = doux
Bigun = tendre, doux
Aurrean = devant
Beldur = craintif
Ihes = fuyant
Argia = la lumière, le jour
Zabal = vaste
Itsaso = océan
mintza = parler
Zilar = argent mètal
adar = corne
ikara = l'épouvante
ibarra = la vallée