Bere hizkuntza du, euskaldunak, bere aberri lehena;
ez al dakizu euskara dela euskaldun e’iten gaituena.
Sa Langue est la première Patrie du Basque;
ignorez vous que c’est l'Euskara qui fait de nous des Basques.
( et la ténacité… qui nous permet de le demeurer !)
D’où la vénération que nous portons à notre langue et qui se traduit par le nombre des chants à son honneur.
Chargé de recherche au C.N.R.S, Mr G. Laplace, béarnais non bascophone se qualifiait lui-même de cagot. Il fut mon professeur de préhistoire à l'Institut d'Etudes Basques de Baiona.
Il argumentait de manière très fondée et convaincante, en se référant aux observations faites sur le terrain par lui-même et par son épouse, archéologue et anthropologue comme lui.
Son argument était que l'origine de l'euskara, la vieille langue pré-indo-européenne des Basques, remontait à un proto-basque préhistorique datant au moins des Gravettiens d'avant la dernière glaciation. Et donc loin avant ses racines néolithiques.
G. Laplace validait en cela le concept émis par l'éminent paléontologue, anthropologue et ethnologue Aita Barandiaran.
Les populations, (nous sommes en l'an 2000)
Néolithique : il y a 500 générations
Tribus gravettiennes : il y a 1.000 générations
Ces deux époques sont relativement récentes dans l’histoire de l’humanité. A notre échelle, elles sont impressionnantes d'éloignement dans le temps.
On estime à 100 milliards le nombre des humains ayant vécu depuis que l’espèce s’est différenciée des autres primates. Elle évolue actuellement à raison de plus de 2 milliards pour chaque génération.
Mais nos ancêtres humains n'étaient en moyenne et au total, pas plus de 6 millions pour toute la terre ( fourchette large de 1 à 10 millions, avec des variations dues à la rigueur variable du moment glaciaire, de la situation géographique, des épidémies probables, ...) à l’époque des premières cités néolithiques urbaines comme Jéricho, il y à 10.000 ans. Et seulement quelques dizaines de milliers pour l'Europe entière au Paléolithique supérieur (autour des -25.000 ans moyens) avec des densités de moins de 1 habitant pour 100 km2 (tout le Pays Basque actuel, 150 à 250 hab; France plus Péninsule Ibérique, autour des 10.000 hab)
Les langues
Des langues disparaissent continuellement du fait de la pression ethnocide des cultures dominantes, des guerres, des épidémies, des génocides. Certaines ne sont actuellement plus parlées que par quelques sujets très âgés. Sur les 6.000 langues parlées à ce jour, 90% auront disparu dans 100 ans.
Les langues qui survivent se différencient continuellement. Les 6.000 langues actuelles se structurent en 300 groupes, qui étaient 50 il y a 5.000 ans. Ces groupes étaient seulement une douzaine il y a 10.000 ans.
Aujourd'hui, plus de 1000 millions d’humains (1 milliard) se référent au mandarin chinois,
Environ 50% des humains parlent la dizaine des langues les plus usitées dont l'anglais, l'espagnol, le français, l'arabe, le russe, ... .
Les méthodes d’analyse modernes de la linguistique permettent d’affirmer que l’euskara, dans ses composantes proto-basques, n’est apparenté à aucune autre langue européenne depuis au moins 8.000 ans.
Elles permettent aussi d’affirmer qu’aucune autre langue voisine n’est apparentée, comme l’est effectivement l’euskara, aux langues antérieures plus anciennes.
La continuité de territoire et de culture
La multiplicité des grottes de la région habitées depuis les temps les plus anciens, de Lascaux à Izturitze/Otsozelaia, et Santimamine, comme aussi les dizaines d'autres de tous les âges du seul Pays Basque, constitue un ensemble quasi unique dans la répartition mondiale des habitats préhistoriques. Elles comportent des centaines d'illustrations ou d'ornements de facture humaine et des dizaines de milliers d'outils ou de restes de leurs fabrication.
Cette multiplicité indique qu'il n'y a jamais eu de rupture totale, même au plus fort des périodes glaciaires, dans la permanence de l'habitat dans les uns ou autres de ces abris depuis des dizaines de milliers d'années. Et l'on peut donc supposer, voire en conclure, qu'il y a eu évolution et non rupture des cultures et des idiomes qui permettaient à ces populations de communiquer.
L'euskara est donc un substrat des langues et dialectes premiers de ces époques reculées. Il a survécu au cours des millénaires en accompagnant l'évolution des hordes nomades de nos ancêtres, ces chasseurs glaciaires nomades qui ont donné les populations urbaines d'aujourd'hui en Euskal Herri, le pays des basques.
Respect et déférence !
L'euskara est porteuse de la noblesse propre à toutes les langues, d'une culture spécifique et d'universalité. Cette langue isolée est la dernière descendante d’une souche disparue. Cet état marque de plus, pour nous qui l'avons en charge jusque dans nos neurones, l'héritage de ces millions de nos ancêtres qui l'ont construite et portée au cours des âges.
Le simple fait de dire bai ou agur pour nous, ne serait-ce simplement que bai ou agur, les fait parler par notre bouche.
Respect, déférence et responsabilité !
Diverses recherches scientifiques, d'abord médicales il y à quelques cinquante ans autour des groupes sanguins, celles parallèles des linguistes et des anthropologues, tant sur le terrain qu'en laboratoires, semblaient corroborer cette idée de très grande ancienneté de cette langue et de ce groupe humain.
Et tandis que ces témoignages possédaient les basques de manière viscérale, les idéologies dominantes voisines se gaussaient, quoique conscientes de leur mauvaise foi.
Conflit dans l'intime !
En matière d'antériorité ethnique la recherche de preuves se fait de plus en plus dans les domaines de la génétique. Celle-ci vient aujourd’hui conforter les travaux antérieurs dont on prétendait pouvoir douter du sérieux et de la pertinence.
Les analyses statistiques de l’ADN mitochondrial et du chromosome Y des populations indigènes basques actuelles permettent de remonter avec certitude jusqu’aux lignées paléolithiques locales et donc pré-indo-européennes. On y trouve une forte présence des marqueurs génétiques locaux d’il y a 15.000 ans, comme on y trouve aussi de ceux, qualifiés de « vieil européen », d’il y a 30.000 ans.*
L’ethnie basque pourrait donc bien être celle à l'origine de l’euskara.
Elle l'est sinon tout au moins porteuse de cette proto-langue, sans doute dés le Paléolithique supérieur ( bien avant Jéricho ) et tandis que les humains n’étaient donc que quelques millions sur toute la terre.
Les convictions des uns comme les frustrations des autres se trouvent ainsi confirmées.
Comme notre devoir de ténacité !
* hors sujet et dans un autre domaine, mais que je ne peux m'empêcher de citer : des recherches sur l'ADN de squelettes anciens venant de grottes du côté atlantique de l'Amérique du nord font état d'un peuplement éventuel très antérieur à celui (dit modèle Clovis, rien à voir avec le Roi des Francs) que l'on a longtemps considéré comme étant le tout premier ancien, autour de -13.000 ans, depuis l'Asie par le détroit de Béring.
En fait ce peuplement lui-même pourrait d'ailleurs avoir eu en plusieurs étapes, pouvant remonter antérieurement jusqu'au maximun glaciaire de cette époque où nombre de passages intercontinentaux étaient à sec, le niveau des océans étant de 130 mètres plus bas qu'aujourd'hui et le détroit (-50m) à sec.
Mais, le type des crânes des grottes atlantiques n'est pas celui, brachycéphale mongoloïde, des crânes des descendants actuels de ces populations asiates,
Il est de type européen et accompagné par de l'outillage de type solutréen, dont l'origine est caractéristique du sud-ouest de l'Europe atlantique.
On en est au tout début des recherches dans ce nouveau domaine comme d'ailleurs dans la réorientation des conclusions de nombreux travaux desquels l'attribut "basque" avait été occulté au profit de celui de l'Etat Politique dominant au sud notre territoire culturel d'appartenance.
Des personnalités scientifiques, généticien, archéologue, linguiste, anthropologue, géographe, préhistorien, physicien, biologiste, ..., des universités ou centres de recherches d'Oxford, Washington, Burgos, UPV / EHU, Musée Canadien des Civilisations, Munich, Société de Sciences d'Aranzadi, Exeter, Danemark, Chef de tribu des nations premières, ..., travaillent activement au "Fond pour l'étude et la diffusion de la culture basque"
L'euskara, ici et aujourd'hui
La pensée basque considère les langues de façon dichotomique, utilisant deux termes pour désigner les parlers humains:
Euskera ou Euskara, à la manière (era) basque (eusk)
Erdera ou Erdara, littéralement à la manière étrangère.
Et c'est culturellement par la langue que nous nous identifions :
je suis donc euskaldun = eusk-ara-dun, qui pense, agit et parle en basque : euskaraz egin !
Peut-être êtes vous erdaldun = erd-ara-dun, qui n'agit pas ou ne parle pas en basque.
Je dédie cet ouvrage à chacun des erdaldun, curieux de basquitude, ou chacun des euskaldun qui s'honore en parlant l'euskara. Et ceci même et surtout si il ou elle estime le parler imparfaitement : lehen hitza beti euskaraz. Je le dédie à tout ceux qui êtes donc euskaltzale c'est à dire promoteur de l'euskara.
Car, et on l'aura compris, c'est encore et toujours par la langue et la défense de celle_ci que l'on est basque ou que l'on ne l'est pas ; avec ou malgré le patronyme le plus français ou le plus basque qui soit.
D'où cette référence à la langue qui pourrait paraître obsessionnelle.
Est basque qui parle l'euskara. Nécessaire et suffisante, il n'y a pas d'autre exclusive!
L'euskara comporte plusieurs dialectes parmi les provinces traditionnelles et à leur intérieur même, articulés autour de la même structure grammaticale et variant essentiellement par:
- l'accentuation, "l'accent", la musique de la phrase,
- la prononciation de tel ou tel mot ou lettre : j parfois semblables à la jota espagnole, ou ü prononcé comme en français ou bien u prononcé ou,…
- la synonymie qui fait que, comme dans toute langue, ceci se dit comme ci par-ci, et cela comme ça par-là.
Il peut s'en suivre d'assez réelles différences.
Ainsi, certains parler du Sud sont rudes, rocailleux,"hard" en quelque sorte, tout à base de « jota » (rrota) et de consonnes dures.
Le parler souletin, lui, est chantant, plus léger. Il se parle, se vocalise presque, plus haut dans l'octave et beaucoup plus "soft". Celui de Baxenafaroa a ses finales en « xu ». Et le dialecte dans lequel chante le groupe Gozategi, à base de consonnes et voyelles « mouillées » : emoztazu musutxue, maitie ...
D'où parfois des divergences de transcription, donc de traduction, dans les recueils, suivant l'origine dialectale du texte: Txalaparta Tiriki-trauki est par exemple analysé assez différemment dans ce livre par rapport à d'autres.
Tel mot peut avoir des sens, donc des traductions différents suivant les dialectes d’origine et les lexiques.
La transcription peut aussi avoir été faite avec une assez mauvaise maîtrise de la langue : Mendian gora haritza, ahuntzak haitzean (rocher) dabiltza, se retrouve haizean (vent) dabiltza ailleurs (More Imanol lyrics here www.mp3lyrics.org/5vk), accompagné de coquilles amusantes ou énormes.
Et quel sens l'auteur a-t-il donné à « haritza » et « haitzean », ces mots pouvant se rapporter indifféremment à « chêne » ou à « rocher » dans certaines localités !
A vrai dire tout ceci n’a pas beaucoup d’importance, c'est la fibre poétique qui compte.
Les textes et leur traduction
L'empreinte du roman, par le castillan au sud et par l'oc** gascon au nord, apporte aussi des variantes différenciées. Même les langues d'oil** du nord de la France ont une certaine influence,
S'agissant de traduction, une autre difficulté apparaît : chaque culture chante sa propre âme, chacune parle aussi de façon spécifique.
La phrase basque et la phrase française ou espagnole se construisent de façon quasiment inverse.
Si la grammaire basque n'a pas de genre masculin ou féminin, il existe par contre en euskara des tutoiements ainsi que des modes de conjugaison spécifique à chaque sexe.
Les expressions et tournures poétiques sont bien sûr propres aussi à chaque langue.
Il a donc fallu rechercher, sans prétendre verser dans le lyrisme, un texte français le plus léger possible, en restant ou non au plus près de l'original. On trouvera aussi de simples textes d’interprétation lorsque la traduction littérale présente moins d’intérêt
Par-ci par-là deux mots d'introduction ou de commentaire pour préciser un point ou éclairer une oeuvre d'un jour particulier, et à la fin une lexicographie la plus complète possible.
Il a enfin semblé utile d'essayer d'analyser, de commenter, tels versets qui posent problème comme « Antero » ou « Jeiki jeiki » ou même « zantzikitin » par exemple.
Le texte sélectionné, le plus anciennement édité (1545), est "kontrapas" de B.Detxepare.
Mais "Bereterretxen khantoria", de facture médiévale, est encore plus ancien (1450 ?).
** le français regroupe 2 grandes familles de dialectes suivant l'appropriation qu'ont fait ses peuples du latin commun qui en constitue la base : les langues d' "oil" du nord et les langues d' "oc" du sud appelées ainsi suivant la manière de dire le "oui" dans ces régions.
Les réalités d'aujourd'hui
De plus en plus d’habitants de ce pays sont exogènes. Certains d’entre eux sont des parents d’enfants scolarisés en euskara ou font eux-même une démarche d’acquisition de la langue. Certains chantent en basque par plaisir ou pour s’intégrer culturellement ou simplement mieux baigner dans les ambiances festives.
Trop nombreux sont hélas les autochtones, souvent jeunes non alphabétisés, qui déforment considérablement ce qu’ils chantent.
Au delà de la présentation des chants que l’on entend le plus fréquemment aujourd’hui, au delà de leur traduction, cet ouvrage mesure l’excès d’ambition qui aurait pu être le sien de participer à la (re)basquisation de ses lecteurs.
Il y a heureusement des ikastola et ikastaldi pour cela.
Mais, à contrario, il peut essayer de leur faciliter la lecture et la compréhension des textes.
- en évitant des énormités comme :
Gazte nabil, gazte nahian, ( je suis jeune et veux le rester)
que l’on pourra trouver cité dans un recueil de traductions, en rupture totale avec le thème du texte qui l’accompagne, au lieu et place de :
Gaztena bil, gaztena jan (cueille la châtaigne et la mange)
- en transcrivant :
Gora euskara maitea, xoragarriena,
euskaldunen artean maitagarriena.
comme on le chante, en respectant l’intégrité du vers, la rime et la métrique, plutôt que, comme ailleurs :
Gora euskara maitea,
Xoragarria,
Euskaldunen artean
Maitagarriena.
- en évitant les traductions informatiques comme sur un site anglais qui fait le parcours basque > espagnol > anglais > français. On aboutit, sur un texte chargé de contre-sens, à traduire le « biga » basque par « chauve-souris » alors qu'il signifie « génisse » qui, pour ceux qui ne le savent pas, est le nom qui qualifie une jeune vache !!!
- en traduisant Ozaze par Ossas et non par Osses qui est Orzaize
- en écrivant « Aitorren » avec 2 r (de Aitor ou à Aitor ) et non « Aitoren », et aussi « hizkuntza » qui comporte toujours un a final, même sans l’article, et donc au lieu de hizkuntz. Comme aussi "ikastola", "bilkura", ...
Quand à la phrase complète qui s'écrit normalement :
Aitorren hizkuntza zaharra nahi dugu zabaldu,
il faudrait l’écrire par exemple :
Aitorren hizkuntz’ za’rra na’i dugu zabaldu,
si l'on veut respecter le vocabulaire tout en matérialisant les transgressions de l’orthographe des mots nécessitées par la métrique des vers ou le tempo, et non :
Aitoren hizkuntz zara nai dugu zabaldu
qui cumule les barbarismes.
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La prononciation de l'Euskara diffère, en Iparralde, de celle de l'Erdara français, essentiellement sur les points suivants :
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e se prononce toujours accentué comme dans effort
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u se prononce toujours ou;
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ü (rare) se dit comme en français ;
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g est toujours dur
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j est intermédiaire entre le d de dieu et l'y de yeux ;
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r est assez proche du français tandis que le double rr roule fortement dans la gorge ;
-
s, sans équivalent, est entre le ch et le je français ;
-
x se prononce toujours ch ;
-
z comme le s de sel, jamais comme celui de rose ;
-
dd, ll, tt, se mouillent comme le "lle" de paille en français, si on le prononce seul ;
-
sinon toutes les lettres se prononcent : ai sera a-i ( aï et non aile), au, eu, ei seront a-ou, é-ou, é-i, …
On dagizuela
Letebeher
La banalisation du sare ( web, net in english, toile en français ) permet à quiconque d'intervenir quasiment en direct et de manifester en temps réel un point de vue à son interlocuteur.
J'y suis
Erdara, Euskara,
hemen biak bizi dira.gu bietan trebe gira.
Euskara, Erdara,
gu bietan trebe gira.
Roger Idiart