ARRANO BELTZA : l'Aigle noir, ou comment on se fait "......." (prendre) par crédulité, et absence de ce réalisme dont nos adversaires, eux, n'ont jamais manqué, pas plus que de fourberie !
** Adiera / Commentaire :
Jose Antonio Artze " Hartzabal "ek idatzitako Nafaroako kronika historiko bat dugu hemen, geroztik musikaz eman eta kantatu izana dena, gizon baten bortxatze modu espresionistean oihukatua.
Ce poème de Jose Antonio Artze "Hartzabal" est une chronique historique de la Navarre, écrit (puis chanté) de façon sur-expressionniste en termes âpres, sarcastiques, crus, « hard », relation du viol d’un peuple réduit à celui d'un homme.
Hitz zorrotz eta bortitz batzuez aipatzen du Nafaroar / Euskaldun zuzendari arduradunek historian zehar agertu duten errealismo eskasa, nola ere gure etsaiek erabili dituzten azerikeria etengabeak gure lurraldeen Erreinua eskuperatzeko.
La violence que Hartzabal exprime dans cette œuvre satirique s’adresse autant au manque de réalisme dont les Navarrais / Basques ont trop souvent fait preuve au long de leur Histoire, qu’à la fourberie obstinée avec laquelle leurs adversaires ont persisté à vouloir s’emparer de leur Royaume et territoire.
1200 urteetarik aurrera eta gaurreraino iragan gertakari latzen zerrenda : Nafar Erregeen erahiltze, lurren eratxikitze, Nafaroako Erreinuaren ezabatze, foruen ezeztatze, egitura demokratikoen debekatze, sorgin kontukoen erretze, herri oso batzuen (nola Sara eta bertze ...) erbesteratze, euskararen aurkako erabaki politikoak, Gernikako gertakariak, ...
Il s’agit, de 1200 jusqu’à l’époque contemporaine, de la litanie dramatique des dates remarquables par les échecs des entreprises des Navarrais / Basques ou les exactions que leur font supporter d'abord les royaumes d'Aragon ou de Castille, ses voisins dans la péninsule, puis tantôt la France, tantôt l'Espagne :
- assassinats de leurs Rois,
- annexion des Gipuzkoa, Bizkaia, Araba, par la Castille,
- confiscation de la Haute Navarre qui cessera d’être un Royaume,
- abolition des fueros,
- suppression des structures démocratiques populaires comme le Biltzar, où les rares nobles du pays n'avaient jamais eu leur place!
- procès en sorcellerie et crémation d’innocents (jusque là ce sont les rois de France ou d'Espagne, pour finir avec Henri IV dans les affaires de sorcellerie),
- déportations de villages entiers (Sara en particulier mais aussi Azkaine, Itsasu, ..., là c'est la Révolution française, inventrice des "Droits de l'homme" mais aussi, et bien avant Drancy, de la première déportation d'enfants de l'époque moderne : 6 mois, 1 an, 18 mois, 2 ans(2), 3 ans(3), 4 ans, 5 ans, ..., tous morts en déportation, souvent séparés de leurs parents pour faire bonne mesure, et, pour ne pas être en reste, déportation leurs grand-parents de ..., 70 ans(3), 71, 72(2), 77(2), 80(3), 84, 90 ans, morts eux aussi, tous après avoir fait de longues distances en marches forcées, en plein hiver, quasi sans vêtements de saison et sans nourriture, morts au bord des routes ou dans les églises-prisons glaciales réquisitionnées des Landes ou du Gers; ...),
- attentat contre cette "démocratie d'avant la lettre": les quelques tentatives d'empiètement de nos coutumes par le pouvoir royal au cours des siècles n'avaient guère entamé, même sous Louis XIV, les libertés ancestrales des Basques qui avaient donc su dans l'ensemble préserver une partie de leurs anciens "fors" lesquels, accompagnés d'une multitude d'autres libertés démocratiques, étaient basés sur les deux principes fondamentaux que prétendra proclamer la Révolution à son avènement : la souveraineté nationale et le vote des impôts par les représentants du peuple.
Mais, pas plus que Pierre Rostéguy de Lancre, seigneur de Loubens, deux siècles auparavant lors des procès de sorcellerie en Pays Basque, les révolutionnaires n'ont pas su appréhender les institutions traditionnelles et l'esprit du gouvernement séculaire des Basques.
Ces libertés, parce que non encore partagées par les autres peuples de France qui pourtant cherchaient à les acquérir, furent considérées "privilèges" comme ceux de la noblesse et abolies par la nuit du 4 août 1789.
La nouvelle constitution qui suivra ne nous en rendra aucune.
- ségrégation de l’euskara,
- interdiction affichée de chanter en basque dans les bars,
- massacre de Gernika (premier bombardement systématique d'une population civile, la ville-symbole de la très ancienne démocratie basque, où les Rois de Castille venaient jurer de respecter nos libertés, ces fueros très antérieurs et plus libéraux que l'Habeas Corpus moderne anglais de 1679 et que les institutions de la Grèce antique, Gernika ville test du " tapis de bombes " pour les 6 escadrilles d'avions assassins nazis, avec alternance d'engins incendiaires et explosifs),
- défaite militaire après le coup d'état anticonstitutionnel franquiste entraînant la fin d’autonomie des autres provinces,
- …, ..., ..., et la suite, jusqu'à Aurore Martin !
Gertakari horietan lehenetarik, 1212an iragana Nabaz de Tolosa, Espainia hego aldeetako herrian, nun ere "Nafarrek atzerrian atzerritarrentzat gerla irabazi zuten eta beren herrian nafar aroa galdu" gertakari espantutsua baina ondoko mendeetan ondorio latzak ekarriko dituen gertakaria.
L’introduction du texte de Hartzabal, après cette série de dates tragiques, se fait par le résumé de la bataille de las Navas de Tolosa, 1212, dans le sud de l’Espagne, à laquelle les Navarrais prirent une part prépondérante sous l’autorité de Santxo VII Azkarra, défaisant la garde rapprochée du calife maure, laquelle s’était enchaînée pour mieux le défendre, et emportant son trésor.
D’où les chaînes des armoiries de Navarre et la grosse émeraude centrale qui, à partir de cette date, remplaceront l’Aigle Noir (Arrano Beltza), auparavant emblème du Royaume.
Lors de cette guerre, ils auront gagné de nouvelles armoiries, mais créé les conditions qui causeront, plus tard, la perte de la maîtrise de leur Pays.
A dire vrai, c'est là une chronique allégorique de cet évènement : les armoiries de Navarre comportaient en effet au XIIIème siécle des escarboucles en orle, croix et sautoir, que les chaines reproduiront plus tard, mais les maillons de celles-ci et l'émeraude ne se voient qu'à partir de la conquête par la Castille au XVIème siécle, donc seulement 500 ans plus tard, ... pour la gloire de la Castille.
Bere hitz xehakatu eta errepikatuez erakusten du olerki hunek espresionismoaren marka, oihu ozen samin bilakatzen diren hitzak musikaz jantzi eta abesti gisa emaiten denean. Oihu, bortxatuaren xehakadurak, bai eta bere harridura, agertzen dituztenak, harridura nola, jakinaren gainean izaiki eta, ez duen berak zuhurtzia gehiago agertzen bere osotasuna hobeki defenditzeko.
Beretherretxe-ren aspaldiko erahiltzeaz zenbeit hitz, gure arteko gerlak ere kontuan hartzeko.
La dramaturgie du texte et du chant se développe autour de certains mots morcelés en phonèmes étirés, distendus, aux consonances redondantes, chantés, plutôt criés, hurlés de façon déchirante, traduisant sans doute la souffrance du violé, forcé (sar), pris (har), fourré (eman), mais tout autant son effarement devant sa propre inconséquence qui le pousse à laisser toujours entrouverte l'entrée de sa maison ou la petite fenêtre par laquelle il sait pourtant que passent toujours ses persécuteurs.
Témoignage, dans le texte, des luttes entre Agaramontar et Beaumondar autour des années 1440, extrait d'époque de la "chanson de Beretherretxe", qui y fut assassiné.
** Bertsoak : Arrano Beltza
1200, 1332, 1379, 1512, 1609, 1789, 1794, 1839, 1876, 1931, 1937, …
Arrano Beltzarekin joan ziren
joan ziren joan
Jaengo
Navas de Tolosara
nafarrak
eta kkate
kateekin itzuli etxera
eta kkate
kateak ekarri herrira
armarrira.
Atzerritarrentzat
atzerrian
gerla irabazi
eta herrian, Nafarroa galdu,
nafar aroa galdu
1200, 1332, 1379, 1512, 1609, 1789, 1794, 1839, 1876, 1931, 1937, …
Ez dea bada
etsipengarrrrrrrria
oraindik
u
ez dugula ikusi
ez dugula ikasi
(ez da nunbeit aski)
giii
giiiiiiiiib
giiiiiiiib
gibel
gibelet
gibeletik eman
nor nor nor
nork ez daki
digutela
ematen ari
ari, hari, ahari,
ari zaizkigula
digutela
eman
emannn !
ematennnnnnnn !
eman eta har
har
eman eta sar
sar eta har
hartuko
sartuko
dugula
dugula digutela
sartuko
hartuko
bai
din din
din baldin
tozzzzzzzz
datoz
datoz datozenean
ematera
ez badugu behingoz
leihatila nola itxi ikasten
" Ehun behi, beren zezena ondotik …
jaun kuntiarentzat dena
heure biziaren truke, Beretherretxe !"
Beaumontar Leringo lehen kuntiak
bere leinuari zegokion bezala
hire amari arrapostu :
" hik bahuen semerik
Beretherretxez besterik ?
Ezpeldoi altuan dun hilik ;
abil, jaso zan bizirik"
Ez behi eta ez zezenik,
MariSantz hiretzat
eta bai semea hilotzik.
Etsaia sotoan eta gu, astazakilok
atzeko atea ixten arrapatzen gaituzta beti.
Ez dugu ikusten
ez dugu ikasten
ikusiko ote dugu noizpait ?
noizpait ikasiko ?
Eta baldin, bateonbati
joko hori gogozko bazaio
ez dezala atsegina utz, bainan
joka beza herriaren alde eta
ematen diotenean
hartzen duenean
sartu dionari
barruan kraxk !
gutienez mozt dezaiola muturra !.
Interprétation : l'Aigle Noir
1200, 1332, 1379, 1512, 1609, 1789, 1794, 1839, 1876, 1931, 1937, ...
Ils partirent brandissant
l'antique emblême de l'Aigle Noir,
les Navarrais partirent
vers Navas de Tolosa
et revinrent,
retournèrent chez eux
avec les chaînes,
les chaînes du triomphe
enchaînées
à leurs armoiries.
Ils gagnèrent cette guerre
pour d'autres,
loin de chez eux,
gagnèrent cette guerre,
mais pour la Navarre
perdirent tout espoir d'expansion.
1200, 1332, 1379, 1512, 1609, 1789, 1794, 1839, 1876, 1931, 1937, …
N'est-ce pas désespérant
que nous n'ayons pas encore
ni remarqué,
ni appris,
( ce n'est sans doute pas assez flagrant )
que
c'est toujours par derrière
qu'ils nous entreprennent,
toujours ainsi qu'ils nous la mettent.
Qui, mais qui, mais qui donc
ne sait pas qu'ils sont
en train de nous la mettre,
en train,
ils sont en train,
ils nous la mettent,
la remettent
et s'y remettent encore,
prenant,
perçant,
fourrant,
retirant,
plantant,
plongeant
en nous,
ils nous
prendront,
nous perceront,
oui,
mais oui,
si, par cas,
si,
lorsqu'ils
viendront ou reviendront,
nous ne savons toujours pas
quand et comment fermer le volet de notre maison (notre volet).
“Cent vaches suivies par leur taureau
pour le seigneur comte
en échange de ta vie, Beretherretxe.”
De Beaumont, premier comte de Lérin,
fourbe comme l'a toujours été son lignage,
réplique à ta mère :
“avais-tu un autre fils,
autre que Beretherretxe ?
il gît sur le haut d'Ezpeldoi;
vas vite le recueillir vivant ”
Ni vache, ni taureau
pour toi MariSantz,
sinon ton fils, raide-mort.
L'ennemi est sous le porche, mais nous, bornés,
essayons encore de fermer la porte à l'arrière !
nous ne voyons pas,
nous n'apprenons pas,
verrons-nous, apprendrons-nous jamais ?
apprendrons-nous un jour ?
Et si par cas cette sorte de vie
convient à quelqu'un
qu'il ne boude pas son plaisir, mais
qu'il réagisse en partisan
lorsqu'on la lui met,
lorsqu'il en prend,
celui qui la lui met profond :
kraxk !
Que pour le moins, il lui fende la tronche !