SOR LEKUA UTZIZ GEROZ : complainte qui pleure la nostalgie des émigrés, leur attachement à leurs racines, la hantise d’être oubliés. Erbesteratuen kantu lazgarri eta sentipenez betea.

** Commentaire : rencontre fantasmée entre l’oiseau migrateur et le déraciné, fantasmée car aucun de nos oiseaux familiers ne migre jusque vers les Amériques Latines.

Or c’est bien de cela qu’il s’agit puisque l’oiseau ( palombe ?) est censé arriver là-bas à l’époque où les feuilles se forment, ( alors que c’est l’automne chez nous et que les feuilles tombent au moment de la migration vers le sud ) pour repartir lorsque les feuilles tombent, ( printemps chez nous où les feuilles se forment tandis que la migration revient ), ce qui correspondent bien à l’inversion des saisons entre les hémisphères. Mais la migration se fait de chez nous vers l’Espagne et l’Afrique, ce que l’auteur, Elizanburu, ne savait probablement pas.

**Bertsoak

 -- 1) Sor lekua utziz geroz, ondikotz hala beharrez !,

Jainko ona urrikaldu da beti nere nigarrez :

primaderan, hasi orduko arbolak estaltzen lorez,

xoritto bat heldu zaut beti nere herritik egalez.

-- 2) Nere ganat hain urrundik etortzean, unatua, arbolarik hurbilena du bere pausa lekua. Aldaxka goren gorenean horra nun den lokartua: luma pean zango bat eta hegal pean du burua.

-- 3) Pausa hadi, lo egizak, xori maitea bakean. Atzarria, ni hire zain, hemen nauk hire aldean. Ur xortarekin horra gero papurrak leiho gainean : baina gero hango berriez oroit hadi atzartzean.

 -- 4) Oroit hadi bai, xoria, herri maiteko berriez :

nere aitaz, nere amaz, nigarrez han nik utziez,

mintza hakit haurridez eta mintza lagun on hekiez,

mintza nehor ahantzi gabe, maite nintuen guziez.

-- 5) Atzar hadi, atzar bada, berriketari abila, nere beldur izan gabe jin hakit urbil urbila ; ene leihoan izan hizanez erradak ixil ixila, izan (hizanez) ere hunatekoan solas ordainaren bila

-- 6) Xoria, lo hagolarik ikaran nagok aldean : ez ahal duk zorigaitza maite nautenen artean ! Hala baliz, otoi, xoria, berriz herrirat heltzean, loretto bat nigar batekin pausa zak tonba gainean.

-- 7) Xorittoa joan denean ostoak eror-denboran,

berriz etor ez dadien beldurrez nago ikaran :

ihiztaria, hartzen baduk nere xoria saretan,

utzak,otoi, gaixoa libro, berriak ekar ditzadan.

 

** Interprétation : la relation est au tutoiement masculin (hik, erradak, egizak, utzak, …)

 -- 1) Depuis que j’ai quitté le pays natal, hélas par nécessité !,

le Bon Dieu à toujours eu pitié de mes lamentations :

un petit oiseau vole de mon pays vers moi,

dès qu’au printemps les arbres se couvrent de feuilles.

-- 2) Venu à moi, fatigué, de si loin, l’arbre voisin lui sert d’asile. Le voilà, endormi, sur la plus haute branche, une patte dans le plumage, tête posée sur l’aile.

-- 3) Reposes-toi et dors en paix gentil oiseau. Je suis à tes côtés, éveillé, à te protéger. Voilà ton eau et des miettes sur la fenêtre : mais souviens-toi de leurs nouvelles en t’éveillant.

-- 4) Oui, souviens-toi, oiseau, des nouvelles du cher pays,

de mon père, de ma mère, que j’ai laissé la-bas pleurant,

parles-moi des frères et sœurs et de ces bons amis,

parles, sans oublier personne, de tous ceux que j’aimais.

-- 5) Réveilles-toi, réveilles-toi donc ! donc, gentil messager, et viens tout près sans crainte ; (dis-moi tout doucement si (là-bas) tu as été à ma fenêtre, été aussi chercher la récompense à ta mission ??).

-- 6) Oiseau qui dors, je tremble à tes côtés : le malheur n’a-t-il pas frappé ceux qui m’aiment ! Si cela était, en retournant là-bas, déposes une fleurette et une larme sur cette tombe.

-- 7) L’oiseau gentil s’en est allé à la tombée des feuilles

et je tremble de crainte qu’il ne reviennes pas ;

chasseur, si tu prends mon oiseau dans tes filets,

libères-le de grâce, qu’il me rapporte des nouvelles.

 

** Hiztegi / lexique

Hala beharra = la nécessité

Luma pea = le plumage

Hegal pea = sous l’aile

Pea = dessous, au pied de

Papurrak = les miettes

Leihoa = fenêtre, contre-fenêtre, volet, ici l’embrasure

?? = doute sur le sens